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                LES FANTÔMES MURMURENT ENCORE

Pièce sonore, performance

Installation, écriture : Mathilde Baron-Harjani
Son et enregistrement : Mathilde Baron-Harjani

avec les voix de Raphael Andrés, Mathilde Baron-Harjani, Vincent Brouté, Julie Cassio, Florent Gay, Tess Grzes, 심그리드 et Alison Vignault

MACVAL Musée d'Art Contemporain du Val-de-Marne, mai 2018Ecole Supérieure d'Art et de Design TALM-Tours, novembre 2018

J'ai cherché un titre qui résumait tout ce dont parle la pièce sonore : les œuvres qui sont là mais cachées, l'espace clos, les frontières entre le visible et le non-visible et la notion d'effacement.

Il me semble que les papiers « aide-mémoire » stipulant dans les réserves de musées qu'une œuvre a été déplacée ou prêtée sont appelés des « fantômes » et c'est une très belle image de ce qu'il reste encore au-delà du visible.

Ayant également beaucoup parlé des notions de frontières, de corps, de barrières, d'exil, de déplacements, il était normal pour moi d'associer les images des flux de personnes migrantes et réfugiées, de celles dont on ne parle pas, ou plus. Ou dont on ne sait pas/dont on tait l'existence.

« Diffusée via une enceinte ensevelie par intermittence sous un textile isolant, cette pièce sonore, mêlant plusieurs voix à des bruits captés dans les réserves, fait écho à l'état des œuvres en veille, en transit de part et d'autre d'une frontière entre visible et invisible. »


Anne-Lou Vicente & Raphaël Brunel

in Museum Organum

                LA BOÎTE ORGANIQUE

 

18 boîtes uniques, créées, numérotées et remplies entre mai 2018 et décembre 2018, par Raphael Andrés, Mathilde Baron-Harjani, Vincent Brouté, Julie Cassio, Florent Gay, Tess Grzes, 심그리드 et Alison Vignault

La Boîte Organique contient un échantillon de chaque pièce présentée et créée pour et lors de la Nuit des Musées 2018 au MAC/VAL, Musée d’art contemporain de Vitry sur Seine, en mai 2018, ainsi que des photographies, l'affiche et le livret de cette performance collective.
Elle fait référence à la Salle Organique, espace performatif des étudiant-es du Master 1 Art (2017-2018) qu’iels ont inventé à la suite du séminaire « l’œuvre exposée » avec Sandra Delacourt et Hélène Agofroy, recherches menées sur la notion de réserves par les commissaires Anne-Lou Vicente et Raphaël Brunel et avec l’énorme soutien de Thibaut Capéran (nous les remercions par ailleurs tou-tes très chaleureusement).

Les 2 premières boîtes ont été offertes au MAC/VAL et à Thibaut Capéran en décembre 2018, les 2 suivantes ont été offertes à Anne-Lou Vicente et Raphaël Brunel, 2 pour Hélène Agofroy et Sandra Delacourt, 8 pour chaque étudiant-es du projet, une pour la directrice Marie-Haude Caraës, une pour la bibliothèque de l'ESAD TALM-Tours. Il en reste deux en archives.

                LES FANTÔMES MURMURENT ENCORE

 

Elles se regardent dormir

en dehors, les baies vitrées

en dedans, béton armé

Parois épaisses derrière immenses portes lourdes

scellées pour la plupart

c'était une forteresse imprenable, mystérieuse, et magique à la fois

 

qui êtes-vous

 

elles se regardent dormir

 

au-dessus, les pas légers distraits insouciants

au-dessous, le chantier

ce microcosme inespéré

 

les organiques les boisées les sculptées

 

les présentes et impénétrées

 

traversées par le temps

et suspendues dans l'espace

 

que reste-t-il de votre grandeur

si puissantes et tellement oubliées

la mémoire des corps quand les fantômes les remplacent

cette même mémoire qui ne perdure qu'à travers l'immatérialité

m'accorderiez-vous ce sommeil ?

Si je vous regarde dormir, disparaîtrais-je à mon tour ?

 

Des errantes des cachées des révélées

vous êtes l'or et l'âme

et les perpétuelles

 

l'art et l'or et les scellées parfois aussi

le bruit sourd et ce fracas

le même climat les mêmes grillages qui changent leurs destinées

des barrières sans frontières

 

où êtes-vous

 

Puis elles résonnent encore gracieuses et immortelles

 

les silencieuses les merveilleuses les remplacées

 

de quel miracle faudrait-il pour que vous puissiez de nouveau respirer ?

vous avez la douceur de la mort l'indécence des exilé-es

 

On découvre un monde au-delà des ignorances impalpable et vivant puisque le temps s'arrête parfois puisque la poussière ne se dépose pas

 

le ciment des institutions

le ciment de l'art des sociétés

traversées par les temporalités

 

puisqu'il existe des abîmées des déballées des fracturées des ficelées des étranges et

 

puisqu'il existe des corps et des cœurs

 

qui se sont battus

 

pour donner forme à l'inespéré

 

de l'autre côté ;

il y a les transparentes les branlantes les classées les enregistrées

 

cet « à – venir » en marge des ineffaçables

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